Catulle 61, 202: Nostri ou Vestri
(Revue des études anciennes, 111 (2009): 173-178)
Résumé: Pour mieux respecter la tradition manuscrite, l’auteur tend à défendre nostri du v. Catulle 61, 202, l’unique leçon transmise par les manuscrits catulliens G, O et R, en sup-posant que la strophe contenant nostri (v. 199-203) ainsi que les v. 209-213, 219-223 puis-sent être chantés par Manlius ; en créant un dialogue entre le marié et le chœur, Catulle aurait innové le genre de l’épithalame, une contribution du Poète jamais remarquée dans le passé par les savants à cause de la discutable correction de nostri en uestri (ou uostri).
Abstract : Respecting the manuscript tradition, the author will defend nostri of the l. 202 of
Catullus 61, the unique reading transmitted by the Catullan manuscripts G, O and R. The point is that the stanza containing nostri (l. 199-203) and the l. 209-213, 219-223 could be
sung by Manlius; creating a dialogue between the bridegroom and the chorus, Catullus may have renovated the genre of epithalamia, a contribution by the Poet not noticed previously by students of Catullus because of the questionable correction of nostri in uestri (or uostri).
Mots-clés : Catulle, épithalame, tradition manuscrite, L. Havet.
Dans la critique textuelle « on supposera le moins de fautes possible ; on les supposera les plus explicables possible » [1]. Suivant ces enseignements de L. Havet, nous voudrions réexaminer une correction faite pour le vers Catulle 61, 202, avant de discuter l’attribu-tion des dernières strophes du poème.
Les v. Catulle 61, 199-203 se lisent ainsi dans l’édition de R. A. B. Mynors [2]:
ille pulueris Africi
siderumque micantium
subducat numerum prius,
qui uestri numerare uolt
multa milia ludi.
En fait, les trois manuscrits G, O et R nous ont transmis la leçon unique nostri, qui ne présente aucun problème de métrique ou de syntaxe. Pourtant, l’épithalame devant être chanté par le chœur aux deux mariés, la 2ème pers. pl. s’avérerait plus probable ; en plus, la confusion des deux lettres n et u est assez fréquente dans les manuscrits catulliens. Donc, rien d’étonnant si la correction de nostri en uestri (ou uostri) [3] a été unanimement acceptée comme certaine.
Mais, à notre avis, il y aurait tout avantage pour la critique à constater que la leçon nostri puisse être conservée telle quelle : il n’est pas absolument impossible que le Poète, en
qualité de coryphaeus, fasse chanter les v. 199-203 à Manlius [4]. Ce dernier, ayant enten-tu le chœur appeler Vénus à l’aide des deux mariés [5], pourrait tout naturellement y répondre avec les v. 199-203 [6]. Dans la bouche du marié, cette strophe est vraiment une fière déclaration de la vitalité juvénile, une sorte de vantarderie masculine tout à fait compréhensible. Si nous examinons cette strophe dans son contexte, notre hypothèse semblerait plus probable : brûlé par la flamma intima (cf. v. 169-171), Manlius, à ce mo-ment, ne pense à rien d’autre que multa milia ludi ; le chœur, ayant encourageant les deux mariés à savourer les plaisirs sexuels – ludite ut lubet (v. 204) –, rappelle à eux tout de suite que le but suprême du mariage est d’assurer la continuation de la famille et de donner à l’État des citoyens pour défendre ses frontières (cf. v. 205-208 ; voir aussi les v. 66-75). Par contre, si les v. 199-208 étaient tous chantés par le chœur, il serait plus raisonnable que celui-ci chante ludite ut lubet aux deux mariés avant – non après – de vanter le nombre énorme de leurs amours.
Alors, la correction de nostri en uestri (ou uostri) est-elle une conjecture heureuse? Ou plutôt une mécorrection?
Suivant nos réflexions sur la probable authenticité de nostri, nous sommes arrivés à une hypothèse encore plus hardie : si Manlius pouvait chanter les v. 199-203, il pourrait chan-ter également les v. 209-213 et 219-223, c’est-à-dire, on pourrait attribuer les dernières strophes du poème de la manière suivante :
Virgines ad Iuniam non diu remoraris et /iam uenis. bona te Venus
iuuerit, quoniam palam / quod cupis, capis et bonum
non abscondis amorem. (v. 194-198)
Pueri ad Manlium at, marite, ita me iuuent [7] /caelites, nihilo minus
pulcer es, neque te Venus / neglegit. sed abit dies:
perge, ne remorare. (v. 189-193)[8]
Manlius ille pulueris Africi / siderumque micantium
subducat numerum prius, / qui nostri numerare uolt
multa milia ludi. (v. 199-203)
Pueri et uirgines ludite ut lubet, et breui / liberos date. non decet
tam uetus sine liberis / nomen esse, sed indidem
semper ingenerari. (v. 204-208)
Manlius Torquatus uolo paruulus / matris e gremio suae
porrigens teneras manus / dulce rideat ad patrem
semihiante labello. (v. 209-213)
Pueri et uirgines sit suo similis patri / Manlio et facile insciis
noscitetur ab omnibus, / et pudicitiam suae
matris indicet ore. (v. 214-218)
Manlius talis illius a bona / matre laus genus approbet,
qualis unica ab optima / matre Telemacho manet
fama Penelopeo. (v. 219-223)
Coryphaeus claudite ostia, uirgines : / lusimus satis. at boni
coniuges, bene uiuite et / munere assiduo ualentem
exercete iuuentam. (v. 224-228)
Ces strophes ainsi attribuées, émerge tout d’un coup un dialogue entre le chœur et Manlius : ayant entendu le rappel du devoir du chœur (v. 204-208), Manlius fait des vœux d’un pater familias – ce serait bien lui la personne la plus juste à dire Torquatus uolo paruulus, etc ; le mot patrem ne devrait pas empêcher le pater lui-même de chanter cette strophe [9] – ; après les v. 209-213 prononcés par le marié, le chœur loue la chasteté de Iunia (v. 214-218), confirmée – bien sûr – par Manlius, qui, à peine chanté les v. 219-223, franchit rapidement le seuil du thalamus pour rejoindre la mariée. À la fin, le Poète con-clut l’épithalame en demandant les uirgines de fermer la porte de la chambre nuptiale. Le texte ainsi interprété, l’atmosphère de la noce semblerait plus vive et joyeuse, et les deux mots lusimus satis plus compréhensibles [10].
À ce point, on aimerait croire que l’épithalame pût être chanté effectivement à l’occa-sion de la cérémonie nuptiale de Manlius et de Iunia.
Le schéma suivant nous montrera mieux le probable duo entre le chœur et le marié, ainsi que la correspondance de nombreuses paroles avec leur “pendant” [11] :
Résumé: Pour mieux respecter la tradition manuscrite, l’auteur tend à défendre nostri du v. Catulle 61, 202, l’unique leçon transmise par les manuscrits catulliens G, O et R, en sup-posant que la strophe contenant nostri (v. 199-203) ainsi que les v. 209-213, 219-223 puis-sent être chantés par Manlius ; en créant un dialogue entre le marié et le chœur, Catulle aurait innové le genre de l’épithalame, une contribution du Poète jamais remarquée dans le passé par les savants à cause de la discutable correction de nostri en uestri (ou uostri).
Abstract : Respecting the manuscript tradition, the author will defend nostri of the l. 202 of
Catullus 61, the unique reading transmitted by the Catullan manuscripts G, O and R. The point is that the stanza containing nostri (l. 199-203) and the l. 209-213, 219-223 could be
sung by Manlius; creating a dialogue between the bridegroom and the chorus, Catullus may have renovated the genre of epithalamia, a contribution by the Poet not noticed previously by students of Catullus because of the questionable correction of nostri in uestri (or uostri).
Mots-clés : Catulle, épithalame, tradition manuscrite, L. Havet.
Dans la critique textuelle « on supposera le moins de fautes possible ; on les supposera les plus explicables possible » [1]. Suivant ces enseignements de L. Havet, nous voudrions réexaminer une correction faite pour le vers Catulle 61, 202, avant de discuter l’attribu-tion des dernières strophes du poème.
Les v. Catulle 61, 199-203 se lisent ainsi dans l’édition de R. A. B. Mynors [2]:
ille pulueris Africi
siderumque micantium
subducat numerum prius,
qui uestri numerare uolt
multa milia ludi.
En fait, les trois manuscrits G, O et R nous ont transmis la leçon unique nostri, qui ne présente aucun problème de métrique ou de syntaxe. Pourtant, l’épithalame devant être chanté par le chœur aux deux mariés, la 2ème pers. pl. s’avérerait plus probable ; en plus, la confusion des deux lettres n et u est assez fréquente dans les manuscrits catulliens. Donc, rien d’étonnant si la correction de nostri en uestri (ou uostri) [3] a été unanimement acceptée comme certaine.
Mais, à notre avis, il y aurait tout avantage pour la critique à constater que la leçon nostri puisse être conservée telle quelle : il n’est pas absolument impossible que le Poète, en
qualité de coryphaeus, fasse chanter les v. 199-203 à Manlius [4]. Ce dernier, ayant enten-tu le chœur appeler Vénus à l’aide des deux mariés [5], pourrait tout naturellement y répondre avec les v. 199-203 [6]. Dans la bouche du marié, cette strophe est vraiment une fière déclaration de la vitalité juvénile, une sorte de vantarderie masculine tout à fait compréhensible. Si nous examinons cette strophe dans son contexte, notre hypothèse semblerait plus probable : brûlé par la flamma intima (cf. v. 169-171), Manlius, à ce mo-ment, ne pense à rien d’autre que multa milia ludi ; le chœur, ayant encourageant les deux mariés à savourer les plaisirs sexuels – ludite ut lubet (v. 204) –, rappelle à eux tout de suite que le but suprême du mariage est d’assurer la continuation de la famille et de donner à l’État des citoyens pour défendre ses frontières (cf. v. 205-208 ; voir aussi les v. 66-75). Par contre, si les v. 199-208 étaient tous chantés par le chœur, il serait plus raisonnable que celui-ci chante ludite ut lubet aux deux mariés avant – non après – de vanter le nombre énorme de leurs amours.
Alors, la correction de nostri en uestri (ou uostri) est-elle une conjecture heureuse? Ou plutôt une mécorrection?
Suivant nos réflexions sur la probable authenticité de nostri, nous sommes arrivés à une hypothèse encore plus hardie : si Manlius pouvait chanter les v. 199-203, il pourrait chan-ter également les v. 209-213 et 219-223, c’est-à-dire, on pourrait attribuer les dernières strophes du poème de la manière suivante :
Virgines ad Iuniam non diu remoraris et /iam uenis. bona te Venus
iuuerit, quoniam palam / quod cupis, capis et bonum
non abscondis amorem. (v. 194-198)
Pueri ad Manlium at, marite, ita me iuuent [7] /caelites, nihilo minus
pulcer es, neque te Venus / neglegit. sed abit dies:
perge, ne remorare. (v. 189-193)[8]
Manlius ille pulueris Africi / siderumque micantium
subducat numerum prius, / qui nostri numerare uolt
multa milia ludi. (v. 199-203)
Pueri et uirgines ludite ut lubet, et breui / liberos date. non decet
tam uetus sine liberis / nomen esse, sed indidem
semper ingenerari. (v. 204-208)
Manlius Torquatus uolo paruulus / matris e gremio suae
porrigens teneras manus / dulce rideat ad patrem
semihiante labello. (v. 209-213)
Pueri et uirgines sit suo similis patri / Manlio et facile insciis
noscitetur ab omnibus, / et pudicitiam suae
matris indicet ore. (v. 214-218)
Manlius talis illius a bona / matre laus genus approbet,
qualis unica ab optima / matre Telemacho manet
fama Penelopeo. (v. 219-223)
Coryphaeus claudite ostia, uirgines : / lusimus satis. at boni
coniuges, bene uiuite et / munere assiduo ualentem
exercete iuuentam. (v. 224-228)
Ces strophes ainsi attribuées, émerge tout d’un coup un dialogue entre le chœur et Manlius : ayant entendu le rappel du devoir du chœur (v. 204-208), Manlius fait des vœux d’un pater familias – ce serait bien lui la personne la plus juste à dire Torquatus uolo paruulus, etc ; le mot patrem ne devrait pas empêcher le pater lui-même de chanter cette strophe [9] – ; après les v. 209-213 prononcés par le marié, le chœur loue la chasteté de Iunia (v. 214-218), confirmée – bien sûr – par Manlius, qui, à peine chanté les v. 219-223, franchit rapidement le seuil du thalamus pour rejoindre la mariée. À la fin, le Poète con-clut l’épithalame en demandant les uirgines de fermer la porte de la chambre nuptiale. Le texte ainsi interprété, l’atmosphère de la noce semblerait plus vive et joyeuse, et les deux mots lusimus satis plus compréhensibles [10].
À ce point, on aimerait croire que l’épithalame pût être chanté effectivement à l’occa-sion de la cérémonie nuptiale de Manlius et de Iunia.
Le schéma suivant nous montrera mieux le probable duo entre le chœur et le marié, ainsi que la correspondance de nombreuses paroles avec leur “pendant” [11] :
Mais, est-il possible que le marié, l’un des protagonistes de la cérémonie nuptiale, se mette à chanter lui-même quelque chose?
Avant de répondre à cette question, il vaudrait mieux faire la connaissance de Manlius. La plupart des savants ont identifié notre marié en la personne de Lucius Manlius Torqua-tus, qui deviendra prêteur en l’an 49 a. C. Dans son livre intitulé Personaggi catulliani, F. Della Corte, selon les témoignages de Cicéron, nous a dessiné un tel portrait de Man-lius : « Scontroso e rissoso, ma non privo di cultura, anzi homo omni doctrina eruditus (Cic. de. fin. I 13), provava molto piacere nella letteratura, nella storia, nella cognitio rerum, nella poetarum euolutio dei quali poeti ricordava tanti versi a memoria (Cic. de. fin. I 25) ; versi scriveva egli stesso. Nonostante fosse epicureo, piaceva a Cicerone (de. fin. I 26), perché non era stato distolto dagli studi. […] si orientò verso epicureismo ; ma non fu fedele seguace dell’ortodossia del hortulus, perché […] attenuò certe posizioni troppo rigide del fondatore e […] concesse spazio alla poesia » [12].
En lisant ces lignes, nous avons sous les yeux l’image d’une personne bien cultivée, qui a une grande passion pour la littérature, en particulier pour la poésie. Cette passion est telle que même la philosophie, qui devrait influencer plus profondément un Romain comme un Grec, doit céder un espace à la poésie dans la vie de Manlius. Notre poète amateur aurait bien voulu écrire lui-même l’épithalame pour ses propres noces, s’il était à la hauteur. Mais il finit par s’adresser à un professionnel, son ami Catulle. On lira plus loin, toujours dans le livre de Della Corte : « All’amico Manlio Torquato, che andava sposo, Catullo dedicava un carme nuziale, ai cui gusti esso doveva rispondere. Catullo da un lato avrebbe potuto riprodurre uno e più epitalami di Saffo […]; avrebbe potuto anche ispirarsi agli Alessandrini […]. Di tutte queste possibilità che gli si schiudevano davanti, Catullo tenne conto, ma non si lasciò irretire in un modulo fisso : costruì il suo carme nuziale con materiale di varia provenienza » [13]. Alors, à l’occasion des ses noces, com-ment mieux répondre à la passion pour la poésie de Manlius, considéré par Cicéron comme un grand orateur [14], dans « un modulo » nouveau? Vu ces conditions particu-lières et la personnalité de Manlius, est-il vraiment inimaginable que Catulle eût le plaisir de faire chanter à son ami – peut-être à la demande de celui-ci, pourquoi pas? – un certain nombre de vers, au moins la strophe constituée des v. 199-203? [15] Pour Man-lius, se mettre à chanter la partie finale de l’épithalame, – en duo avec le chœur –, c’est de satisfaire l’ambition littéraire d’un versificateur peu talentueux ; c’est de mieux exhiber sa virilité de militaire, sa qualité de lettré et son éloquence d’orateur devant la noce, surtout devant la mariée ; c’est de participer activement à sa propre cérémonie nuptiale afin de la porter au sommet de joie et d’allégresse [16]. Les strophes que nous voudrions attribuer à Manlius sont vraiment une promesse solennelle, prononcée par le descendent d’une famille très noble et ancienne, de perpétuer le nom glorieux de ses ancêtres. En faisant chanter à Manlius, Catulle aurait innové le genre de l’épithalame, une contribution du Poète jamais remarquée dans le passé par les savants à cause de la discutable correction de nostri en uestri (ou uostri) [17].
Notre hypothèse est-elle trop fantastique? En fait, nous aurions pu épargner tout cet encre ; retournons à l’essentiel : les manuscrits nous donnent nostri, alors il devrait être Manlius qui chante.
Nous citons encore une fois Havet pour terminer notre discussion : « Là où une faute a été supposée sans bonne raison, on sera heureux de constater qu’il n’y en a pas » [18].
Notes:
[1] L. Havet, Manuel de critique verbale appliquée aux textes latins, Paris 1911, p. 109.
[2] R. A. B. Mynors (éd.), C. Valerii Catulli carmina, Oxonii 1958 [19602], p. 49.
[3] « Vestri D2 β Scaliger : nostri V vostri Ital. » (F. Della Corte (éd.), Catullo. Le poesie, Milano 1977 [2003(10)], p. 106).
[4] Cf. Eur. Tr. 308-340 (chantés par la mariée Cassandre elle-même) : […] Ὦ Ὑμέναι᾽ ἄναξ∙ / μακάριος ὁ γαμέτας, / μακαρία δ᾽ ἐγὼ βασιλικοῖς λέκτροις / κατ᾽ Ἄργος ἁ γαμουμένα […] (éd. L. Parmentier -H. Grégoire, p. 41 bis). Comme défenseurs de la tradition ma-nuscrite, nous ferons bien sûr notre mieux pour “réhabiliter” nostri; les accusateurs de cette leçon, de leur part, doivent prouver sa “culpabilité”en démontrant que Manlius ne puisse absolument pas chanter cette strophe. Ce qui est, nous semble-t-il, improuvable.
[5] Cf. Li Song-Yang, « Catullo 61, 189-198 », Maia 58, 2006, p. 473-485.
[6] Cette hypothèse aurait été partagée par tous les correctores des codices potiores catulliens – à l’exception de D2 –, puisqu’ils laissèrent la leçon nostri telle quelle.
[7] At, marite, ita me iuuent Scaliger : ad maritum tamen iuuenem V. De notre part, nous avons proposé trois nouvelles conjectures dansLi Song-Yang - V. Irmici, « Nota a Catullo 61, 189 », Maia 57, 2007, p. 283-288.
[8] Pour l’ordre des v. 194-198 et 189-193, la conjecture remoraris et ainsi que la leçon capiscf. supra n. 5. Le reste du texte catullien, excepté bien sûr nostri, suit l’édition de Mynors.
[9] Cf. supra n. 4.
[10] G. Lafaye, sans attribuer aucun vers à Manlius, interpréta ainsi le sens anthropologi-que des v. 209-213 : « Cette strophe universellement admirée éclaire d’un jour lumineux les sentiments que la paternité éveillait dans le cœur des Romains. Ce petit tableau si touchant nous permet de deviner par quelle tendresse ils tempéraient l’exercice de l’auto-rité paternelle, dont il est si souvent question dans leur littérature » ; dans les v. 214-223 Catulle a « exprimé le sentiment de satisfaction qu’un père éprouve à retrouver ses traits dans ceux de ses enfants ; les Romains ont attaché à cette ressemblance […] » (G. Lafaye, Catulle. Poésies, Paris 1922, p. 46). Les caractères gras sont miens.
[11] Ces strophes étant “monopolisées” par le chœur, la répétition de tous ces “mots-clés” risquerait de diminuer la valeur esthétique du poème.
[12] F. Della Corte, Personaggi catulliani, Firenze 1976, p. 93-94.
[13] Ibid., p. 95.
[14] Cf. Cic. Brutus, 265.
[15] A. Statius, entre autres, pensa que cum sponsus et sponsa in nuptijs non loquantur, Vestri
potius legamus(A. Statius (éd.), Catullus […], Venetiis 1566, p. 198). Mais Statius, sans être présent aux noces de Manlius, comment put-il être si sûr que ce dernier n’ait pas chanté? Au moins il eut tort de dire que sponsus et sponsa in nuptijs non loquantur (il suffit à penser à la formule prononcée par la mariée : ubi tu Gaius, ego Gaia).
[16] Dans combien de peintures les commanditaires eux-mêmes, s’agenouillant, figurent au pied de Dieu, de la Viergeà l’Enfant ou d’autres saints, pour afficher mieux leur piété?Ici c’est la ferveur religieuse qui pousse les commanditaires dans la composition picturale.
[17] Pour les originalités et les innovations chez Catulle cf. entre autres J. K. Newman, Roman Catullus and the modification of the Alexandrian sensibility, Hildesheim 1990 ; G. Williams, Tradition and originality in Roman poetry, Oxford 1968 ; H. Bardon, Le génie latin, Bruxelles-Berchem 1963.
[18] L. Havet, op. cit., p. 109.
LI Song-Yang